LÉGÈRETÉ ET PUISSANCE DE FEU

LE CHARGEUR ROTATIF CALIBRE 12 MAXROUNDS POWERMAG 700 

Samuel GOLDSTEIN

La perpétuelle quête de perfection des tireurs d’IPSC, spécialement en catégorie « fusils lisses semi-automatiques », montre bien que pour être le meilleur, un des facteurs les plus importants consiste à minimiser le temps de rechargement, ce terme incluant toutes les méthodes existantes, depuis le tube-magasin des anciens modèles semi-auto jusqu’au boîtier-chargeur amovible utilisé aujourd’hui sur les derniers modèles « Saïga » ou « Molot », basés sur des plateformes AK. Les ultimes limites techniques de ces derniers sont probablement sur le point de faire émerger une autre solution qui apporte au tireur une nouvelle dimension temporelle.

Dans cet article, nous n’abor­derons pas pour une fois la mise au point d’une nou­veauté produite par un quelcon­que fabricant bien connu d’armes ou d’accessoires, mais nous allons montrer au contraire ce qui arrive lorsque les membres d’une équipe de tir de premier plan commencent à fabriquer l’accessoire idéal, qu’ils ne peuvent trouver sur le marché du fait que, de leur propre aveu, ce genre d’accessoire de tir n’existe tout simplement pas. Comme indi­qué précédemment, il s’agit de chargeurs à grande capacité pour les shotguns russes semi-automatiques Saïga et Molot, aujourd’hui les plus utilisés et les plus performantes en tir IPSC.

La problématique du chargeur

Comparé aux autres types d’armes (P.A. et fusils d’assaut) le fusil lisse semi-auto a toujours été limité par sa capacité, qui affecte le temps nécessaire au rechargement : ceci est dû à la taille de la cartouche. En réalité le temps est le facteur le plus important capable d’affecter les résultats des meilleurs tireurs ; c’est la raison pour laquelle on assis­te si souvent à des expérimentations parfois bizarres destinées à augmenter la capacité des chargeurs standard. L’équipe de tireurs de Maxrounds elle-même y a eu recours, en accrochant ensemble des chargeurs russes en plastique Russian, ou plus tard en cornmençant à fabriquer des boîtiers-chargeurs rallonges en aluminium. Mais ces énormes chargeurs «bananes», comme on les avait baptisés, n’étaient pas satisfaisants. Ils rendaient l’arme difficile à contrôler, et son fonctionnement plutôt aléatoire. En plus, les données techniques de ces chargeurs n’étaient pas conformes aux attentes des utilisateurs, notamment le poids, la durée de vie et la fiabilité. Finalement, l’attention des tireurs revint vers une solution qui avait fait ses preuves au plan historique : le chargeur-tambour, qui permettait de garder des dimensions acceptables avec une capacité accrue.

La genèse du chargeur PowerMag

Il se trouve que la plupart des tireurs de l’équipe d’IPSC Maxrounds étaient ingé­nieurs en mécanique, et lorsque la question fut posée de savoir quel serait le meilleur moyen d’améliorer les chargeurs, la réponse fut simple : les construire soi-même, puis­qu’il était impossible de se les procurer autrement. C’est ainsi que tout commença. Mais il s’avéra très vite les intéressés ne pouvaient pas les produite pièce par pièce. L’équipe Maxrounds mit alors en place un processus industriel de fabrication en série, avec comme résultat immédiat la création de la société éponyme, dont le nom parle d’ailleurs de lui-même : Maxrounds = maxi­mum rounds. La production fut confiée à un société de mécanique réputée utilisant un équipement nec plus ultra, et qui fournit également des pièces de précision pour l’industrie automobile et aéronautique. Le développement du projet initial a débuté en mars 2008 et la production en série six mois plus tard. Le nouveau chargeur-tambour con­tenant 20 cartouches à plombs calibre 12 a été baptisé «PowerMag 700». Parallèlement à la production, la société est maintenant en train de mettre en place son propre réseau de distribution pour que ses clients ne soient pas obligés d’attendre de longs mois (ou années !) pour avoir le produit final, comme trop souvent avec d’autres fabricants d’ac­cessoires custom.

Le PowerMag 700

Dès le départ, le chargeur PowerMag 700 a été conçu pour éliminer les inconvénients classiques des autres chargeurs tambours. selon ses concepteurs, c’est un chargeur «conçu par des tireurs pour des tireurs». Le problème majeur avec les autres char­geurs disponibles, qu’on pourrait qualifier de « problème interne » est le poids du système d’alimentation, qui diminue de façon subs­tantielle le contrôle de l’arme. Les autres chargeurs pèsent généralement entre 2,3 et 2.6 kg à capacité égale, bien qu’ils soient faits d’aluminium. Même avec un alliage aussi léger, il n’est pas possible d’améliorer la construction pour diminuer le poids total à un niveau acceptable. En développant le PowerMag 700, l’objectif principal a été de réduire fortement son poids tout en mainte­nant la fonctionnalité de l’arme.

Au final, le poids a pu être réduit de façon incroyable, qui ressort fièrement dans le nom du produit : PowerMag 700 ne pèse effectivement que 700 grammes, ce qui en fait le chargeur de loin le plus léger au monde dans cette catégo­rie. Son développement final a quand même été un vrai casse-tête, spécialement pour réduire les pièces, sélectionner les matériaux et les méthodes de fabrication. Chaque phase de mise au point a été suivie par une phase de tests d’évaluation très poussés, durant les­quelles ont été tirées plus de 20 000 cartou­ches de 12 à différentes charges. Maxrounds n’a utilisé que des méthodes éprouvées, tout en y ajoutant cependant quelques amélio­rations originales. Autre problème : la compa­tibilité du PowerMag avec différentes armes, autrement dit la plupart des fusils Saïga et Molot. Cela s’est avéré une tache énorme du fait que les Saiga sont connus pour avoir des tolérances allant jusqu’à un millimètre au niveau du puits et du verrou de chargeur. Il a donc fallu calculer la valeur de l’écart moyen d’un échantillonnage d’une dizaine d’armes, affecté de plus d’une variable pour la valeur la plus courante. Pour être honnête, il faut toutefois reconnaître que les fusil lisses basé sur le système Kalashnikov sont certainement parmi les meilleurs semi-auto existants.

FICHE TECHNIQUE

  • Appellation : chargeur Powermag 700
  • Fabricant : Maxrounds
  • Origine : République tchèque
  • Fonctionnement : chargeur tambour à alimentation positive par ressort sous tension
  • Calibre : 12/67,5 et 12/70
  • Hauteur : 225 mm (encombrement maximum = diamètre extérieur du tambour : 161 mm)
  • Épaisseur du magasin, mesurée de la surface externe des disques («longueur» le long de l’axe longitudinal) : 68 mm
  • Poids à vide : 700 g (à titre d’exemple le chargeur garni de 20 cartouches Sellier et Bellot 12/70 «Fortuna» 36 g pèse 1 680 g.
  • Compatibilité : tous fusils lisses semi-automatiques Izhmash modèle Saïga calibre 12 (toutes les versions sans rallonges de chargeurs) et Molot modèle Vepr calbre 12
  • Classement : 4e catégorie soumise à autorisation préfectorale
  • www.maxrounds.com

Évaluation

Lorsqu’on visite les locaux de la société Maxrounds, on ne peut qu’admirer les équipe­ments dernier cri, les instruments de mesure les plus modernes et la parfaite organisation de toute la chaîne de production. Seule une unité de production telle que celle-là est en mesure de gérer le processus complet de fabrication de chargeurs hautement techni­ques aussi sophistiqués. Lorsqu’on nous a dévoilé le processus complet de fabrication et qu’on nous a expliqué quels genres de maté­riels étaient utilisés, nous avons immédiate­ment réalisé que, sans un tel équipement, il aurait été totalement impossible de pro­duire des accessoires aussi pointus.

Le matériau principal d’où sont tirés la plupart des pièces du PowerMag est un alliage d’aluminium le plus dur – mais aussi le plus léger – disponible sur le marché mondial (durai aéronautique). En fait, il est plus facile de mentionner quelles pièces n’en sont pas : la plaque de recouvrement est tirées de feuilles de métal inoxydable, le tube de la rampe d’alimentation est est en acier inox, toute la visserie est en acier trempé (comme la vis de tension et les tiges de séparation des flasques). Les lèvres du chargeur sont en polymère durci et le grand ressort en acier hautes performances. Chaque détail du PowerMag 700 montre le souci quasi obsessionnel des concepteurs à réduire le poids et le nombre de pièces. Partout où c’était possible, des cavités ont été percées pour alléger l’ensemble, en respectant rigidité et intégrité du chargeur. Les pièces sont tenues par un minimum de vis, même si cela demandait beaucoup plus d’opération intermédiaires. Le seul inconvénient vient du fait que les munitions ne sont pas protégées de la saleté pouvant provenir de l’extérieur, ce qui peut s’avérer un problème pour une utilisation police ou militaire. Mais il existe toujours l’option de construire une version du chargeur équipée d’un cache protecteur spécial transparent. Grâce à une vis spéciale de réglage jouant sur la rampe d’alimentation montée sur un guide spécial tubulaire, on peut ajuster la tension du grand ressort ou, si nécessaire, la relâcher complètement au moyen d’une clé Allen en cas de non-uti­lisation prolongée. Cette opération ne peut être réalisée que le chargeur vide et le canal d’alimentation centré. La tension du ressort est contrôlée en tournant la vis de réglage ; qui sera alors bloquée après avoir obtenu la tension désirée. Du fait que les cartouches poussent contre la culasse de l’arme par dessous, il est posible de contrôler la cadence de tir en jouant sur la tension du ressort. De ce fait, le tireur peut grâce qu chargeur PowerMag «régler» la vitesse du cycle de T’arme en fonction du poids de la cartouche : par exemple avec des charges légères le ressort doit être légèrement déprimé de telle sorte que les cartouches ne ralentissent pas le fonctionnement de la culasse et que l’arme reste stable. Avec des cartouches plus puissantes, il faut au contraire augmenter la tension, non seulement pour alimenter assez vite mais aussi pour ralentir le mouvement de la culasse, réduisant ainsi par ailleurs le recul. Si la tension est correctement réglée (par exemple avec le Saiga et des cartouches à charge moyenne, deux tours de clé à partir de la position 0) l’alimentation se fait plus rapidement et le tireur bénéficie de la caden­ce maximale, aussi vite qu’il peut ré-appuyer sur la détente ! Durant une série complète de tests avec 250 cartouches, nous n’avons pas eu à déplorer le moindre incident de tir. Le seul léger inconvénient à mentionner ici est le suivant : si le tireur à plusieurs chargeurs PowerMag 700 et qu’il a du mal à se raison­ner, il risque juste d’endommager son arme par une surchauffe excessive!